À Benidorm, Michela, fille d’une Espagnole et d’un journaliste anglais, patrouille avec ou sans (mais plutôt sans) Vilches, son coéquipier à la ramasse et rendu un brin mollasse à cause des anxiolytiques qu’il avale à tour de bras. Elle fait davantage équipe avec Oliver, jeune voyou dégourdi qui ne boit pas une goutte d’alcool mais glane des informations en fréquentant un groupe d’AA, et Martín, guitariste paumé et raté.
Quand elle apprend que les frères Kaminski s’apprêtent à donner une grande fête dans la maison de cinquante pièces qu’ils viennent d’acheter, puis découvre que son père, Kyle, est rentré de Londres (elle ne l’a pas vu depuis une éternité), son sang ne fait qu’un tour. Elle sait par messages discrètement interposés que son père cherche à récupérer son porte-bonheur, le briquet du célèbre gangster Reggie Kray, qu’on lui a volé et que Kaminski (Russe nouveau-riche dont le père a fait fortune en dévalisant les villas du secteur, puis en vendant des alarmes à leurs propriétaires) a racheté à prix d’or.
Martín renonce sous la pression de Michela (qui n’use pas de procédés policiers très orthodoxes) à se rendre à un concert à Barcelone, et accepte d’aborder le magnat russe, mais l’opération échoue (il est trop drogué pour faire quoi que ce soit) et elle se tourne vers Oliver. Ensemble, ils kidnappent Antón, le bras droit de Kaminski après lui avoir administré du Rohypnol, le mettent dans un yacht au large (avec tout de même trois kilos de jambon ibérique, dix litres d’eau et dix baguettes de pain) et entreprennent de faire chanter le Russe. Ils font chou-blanc, libèrent Antón. Contre toute attente, Michela parviendra à récupérer le briquet mythique, finalement volé par Martín (qui lui a donc menti), et tout est bien qui finit bien.
Benidorm est ici traitée comme une ville à la population diverse et internationale, du type Las Vegas ou Miami, avec pour remplacer le désert une mer qui est une poubelle à cadavres, et une flopée de truands se mêlant aux touristes. Le personnage de la belle fliquesse un peu ripouse circulant en hors-bord est sympathique. Elle dissimule des faits à la police, n’hésite pas à séquestrer un voyou de poids pour récupérer l’objet fétiche de son père. Le style est percutant, fait de phrases mordantes, et les dialogues contiennent de belles trouvailles dans la lignée d’un Audiard ou, dans un style plus ibérique, semblables aux répliques rythmées du tac au tac des films et des séries du grand Rodrigo Sorogoyen (El Reino ou Antidisturbios). Une auteure à suivre, assurément.